Une tour de force

Au dos de la jaquette. John McLane voulait passer un Noël tranquille en famille, reconquérir sa femme, visiter le Nakatomi Plaza et bouffer des petits fours à l’œil. C’est râpé. La bande à Grüber, venue chercher au pied du sapin le casse du siècle, veut gâcher le réveillon. Mais McLane ne l’entend pas de cette oreille…  

 
Le Club appréciera. Oui, oui, oui, et re-oui, le Club s’est emmerdé devant Die Hard 4. Et oui, oui, oui et re-oui, le Club s’est délecté de Die Hard 1. Tout a été dit, ou presque, sur ce chef-d’œuvre de la fin des années 80. Révélation du culte Bruce, scénarisation révolutionnaire du film d’action, Piège de Cristal a séduit, séduit encore et séduira toujours.
Certes, la salade aux lardons qu’arbore la femme de McLane sur le sommet de son crâne est des plus ringardes, mais les singeries du flic new-yorkais au sommet de la tour infernale n’ont pas pris une ride. Ou alors quelques-unes, mais de celles qui rajoutent au charme de.

Le temps (une soirée de Noël pas ordinaire) et l’espace (une demi-douzaine d’étages passés à la moulinette) sont maîtrisés à la perfection par John McTiernan, père du non moins génial 3e opus de la saga McLane. Dieter, dans la chaufferie, avec un pistolet ? Heinrich, dans le salon Richelieu, avec une Mitraillette ? Ulf, dans les escaliers, avec une chaîne ? Les pièces du Cluedo se mettent en place au compte-goutte et le Club, pas une fois, n’aura eu à passer son tour. La prise d’otages en huis clos se transforme un jeu du chat et de la souris, prend les traits d’un braquage, devient thriller, passe par la case guérilla urbaine pour finir en mano-a-mano. On n’y voit que du feu, et du bon.

 
A mesure que l’immaculé pompe-sueur de McLane vire au gris et au rouge sang surgissent les clichés que le Club adore adorer. Des Schleus méthodiques qui vomissent en parlant, des cowboys du FBI qui n’ont pas digérer leur retour du Vietnam, des otages cons, des adjoints au maire moisis. Mention spéciale pour le sergent Al Powell, Réginald de son petit nom. Détenteur de la carte gold de Dunkin Donut’s, il endosse le costume du buddy-cop-black avec brio. Logique à la lecture de son CV : l’homme a également été flic dans Turner et Hooch, gardien de prison dans Ghostbusters, chauffeur de limo dans Crocodile Dundee. Excusez du peu.

 Ellis, alias Art Bochner, alias le cadre financier relou qui veut tringler la femme de McLane, n’a rien à lui envier. Des blagues de connard, un costard de connard, une coiffure de connard, une barbe de connard, un sourire de connard, une voix de connard, une manière de boire son Coca de connard, et une mort de connard. Un connard brillant, donc, Canadien de surcroît.

 Reste la palme d’or, décerné à l’unanimité au beau Hans. Efficace comme une perceuse Bosh, fiable comme une BM, acéré comme un casque à pointe, le chef des 12 teutons est le maître de cérémonie d’un réveillon haut de gamme. Le jeune professeur Rogue figure depuis dans le Top 10 des méchants les plus adulés du grand écran. Aux côtés des Dark vador, Tony Montana, Joker et autres Vito Corleone, ça vous pose un homme mort. JB

Sous les applaudissements. Dans la série des inoubliables, le flingue scotché de Johnny la gâchette. Hémoglobine sur le torse et main derrière la tête, McLane devise tranquillement avec un Hans contrarié. Le face-à-face tourne à la rigolade avant que notre héros ne décolle le gun accroché dans son dos au chatterton. Le long du ruban, de la sueur et du sang. Tout simplement génial.

Verbatim. « - Ils viennent déjà de tuer un otage !
                             - Monsieur, cette fréquence est exclusivement réservée aux urgences…
                             – Vous croyez que j’appelle pour quoi ? Commander une pizza ? »
John MCLane, visionnaire du Club.