Ca manque de rythme

« Non, non, non, non, et re-non ! Vous n’êtes pas dans le rythme, les gars. On sera jamais prêts à temps. »  Voici, en substance, ce que les équipes de tournage aurait pu s’entendre dire si Bloodsport avait eu le luxe de sa payer un bon chorégraphe avec un pull autour du cou et des lunettes sur le front.  

Car Tous les coups sont permis, en plus d’être LE premier vrai grand film de JC, le tremplin qui mena les Muscles de Bruxelles vers la gloire, est avant tout un fâcheux contre-temps. Un décalage total, sans l’aspect décalé.

Avec une bande-son qui ne colle pas aux fatiguants mouvements des lèvres asiatiques, des combats qui font passer les shows de la World Wrestling Entertainement pour de la boucherie et un enchevêtrement de scènes plus inutiles les unes que les autres. L’image du public hongkongais en délire, s’arrachant des billets de banques, scotchée au regard d’abruti d’un combattant ou à l’annonce ringarde du speaker, voilà un merveilleux exemple du montage-à-ne-surtout-pas-monter. A montrer dans toutes les écoles de cinéma.

A défaut de trouver un rythme de croisière décent, Tous les coups sont permis tente pourtant de donner plusieurs rendez-vous chiffrés à son spectateur, histoire de ne pas le retrouver la tête dans le canapé et la bave aux lèvres.

JC nous gratifie ainsi d’un total ahurissant de 5 grands écarts en intérieur et en extérieur. Plus fort qu’un manga.

Le flash-bash qui ramène JC à ses premiers amours de karaté aux côtés de maître Tanaka ne dure pas moins de 840 secondes, soit 14 minutes, record du genre.

Pas moins de 30 participants s’échangent des pains lors du Kumite historique qui voit la victoire de JC. 

Le tour de poitrine du sanguinaire Cho s’évalue à 2,13 mètres. Une atrocité anatomique, mais également une prouesse temporelle, quand on sait que Bolo Yeung, son interprète, avait 49 ans lors du tournage…

 Dux est Français, et son père faisait de la vigne. Tanaka est Japonais, et son père pêchait le poisson. Ca fait 2 clichés.

 « J’ai remporté plusieurs Kumités secrets à Hong-Kong, j’ai été directement contacté par le directeur de la CIA pour opérer en tant qu’agent paramilitaire, J’ai été envoyé en Iran, au Nicaragua et en Union soviétique pour aider autorités locales. » Ca fait 3 gros mythos pour Frank Dux, le sulfureux combattant dont les péripéties ont inspiré le script de Tous les coups sont permis.

Au final, un maximum de chiffres pour un minimum de rendement. La seule consolation se trouve dans la tête d’ahuri que nous offre JC dans son combat final, brassant l’air de ses gros bras alors qu’il est aveuglé. La preuve que JC sait tout faire, même dans un film au ralenti.  JB

Sous les applaudissements  Sûr de son fait et de son charme, ce gros balourd de Jackson jette sa carcasse sur la banquette d’un bus à étage hongkongais. La cible de ses délicates attentions ? Une malheureuse jeune fille du cru, dont la seule erreur aura été d’être au mauvais endroit au mauvais moment. Canette en main, Jackson déclenche les hostilités : « Hé ma biche, ça te dirais de sortir avec un homme, un vrai ? », demande-t-il à sa proie. Mais la chasse est sans résultat, et Jackson de conclure : « Bah tant pis. A la tienne, Etienne ! ». Gargantuesque.

 Verbatim  « Mais qu’entendez-vous exactement par Science des Arts martiaux ? » Alrfred Lu, figurant.

 Rien n’est moins sûr  Pour certains les guns, pour d’autres les lames ou les poings. Si Arnold a raison en pensant qu’il faut de tout pour faire un monde, force est de constater que chaque membre du CAC a ses préférences combatives, et n’en démordra pas. L’aversion non dissimulée de Bacon pour les bastons sans bullets en est la parfaite illustration. Fermé d’esprit, le Bacon, insensible au charme du kung-fu, des front-kick et des uppercuts ? Peut-être, mais au visionnage de ce Bloodsport soporifique, on ne peut occulter le rôle fondamental de la poudre à canon. Bacon a peut-être raison, finalement.