Le chemin de la liberté

Présent exceptionnellement pour la projection d’Inferno, Yaz’ avait vu juste. « Ce mec, s’est-il exclamé, c’est clairement la liberté ! ».
Le « mec » en question, c’est JCVD, alias Eddie Lomax, libre dans sa tête et dans ses boots. Un pur cow-boy à la sauce Levi’s, pompe-sueur sur le torse et futal au nombril. Un déguisement de Texan ringard à souhait qui fait froid dans le dos quand on découvre l’année de sortie de ce bijou désertique : l’an 2000 ! Le chef-d’œuvre, fort heureusement, n’a pu voir le jour dans les salles obscures, directement lancé en vidéo.

Sans établir une table de la loi, qu’il aurait volontiers gravée de la pointe de ses éperons, Eddie est donc le meilleur guide du chemin qui mène à la liberté.

La liberté, tout d’abord, c’est dans le désert qu’on vient la chercher. Un bon petit coktail cactus – rafales de vent – peau burinée, placé sur fond de Zone 51 inhabitée. Eddie parle avec le vent, toise les montagnes, trébuche dans le sable. Un véritable émancipé.

 La liberté, c’est en moto qu’on la traverse. De préférence une grosse cylindrée américaine, qui met les jambes à angles droits, et attise la convoitise des consanguins de la région.

La liberté, c’est animal, ça se dessine sous les traits du coyote. En résumé, si un goupil gambade dans la poussière de la bécane lancée à pleine vitesse dans le no man’s land, inutile de se retourner. La liberté est juste là, blottie contre le canyon.

La liberté, c’est de flinguer en mode mineur, de préférer faire la bise à coups de boots plutôt que d’arroser l’horizon de plomb.

La liberté, c’est de conquérir le cœur de la seule femme du coin en lui déclarant, l’œil humide et l’air goguenard, que « (sa) tarte aux pommes est vraiment bonne. »

La liberté, c’est de respecter ses aînés, si possible asthmatiques ou comiques ratés asiatiques.

Le comble de la liberté, enfin, c’est d’avoir un pote encore plus libre que soi. Un bon cheyenne perdu dans la montagne, qui se soigne avec des feuilles et danse avec les loups. Et si par chance, le peau-rouge en question se nomme Danny Trejo, il est grand temps de poser ses boots sur la table, car la liberté est là, bien présente. Et bien méritée.  JB      

Sous les applaudissements  Deux jolies (?) blondes souhaitent remercier avec leurs corps Eddie de leur avoir sauvé la peau. Sortie de sa douche, l’homme porte une serviette autour des reins. Un petit linge qu’il écarte d’un geste, gratifiant ses invitées d’un parfait « Y’a pas de quoi ». Une vision qui devient colossale grâce au détail qui tue : cul nu et serviette à terre, Eddie a bien sûr gardé…ses boots aux pieds. Merci, Eddie.