Un peu d’histoire

Little Inagua, une terre de sang

885 – 1491. Les Lucayan, Indiens appartenant au groupe des Arawaks, sont les premiers habitants de l’archipel des Bahamas. Vivant principalement de la pêche, ils lèguent à l’humanité, après filtrage de la langue anglaise, les mots «canoë », « cannibal » ou encore « tobacco ». Little Inagua sera, pour toute la durée de leur présence, un haut lieu de sacrifice humain.

1492. Christophe Colomb est parti à la conquête de l’Amérique et met pied à terre au San Salvador, dans l’archipel. Le drapeau espagnol flotte sur la plage. En trois ans, les conquistadors s’installent et transforment la civilisation Lucaye en esclaves de maison. Puis s’effacent. Little Inagua reste encore aujourd’hui marquée par le célèbre massacre de « La Luna Roja ». L’ïle fût en effet le théâtre, un soir d’hiver 1501, de l’exécution de plusieurs centaines de Lucayes par les forces espagnoles, à titre d’exemple envers les autres populations indiennes.

1513 – 1647.  Le passage des navires espagnols chargés d’or au large des côtes bahaméennes suscite l’intérêt des pirates, qui prennent possession des îles. John Tempête, aïeul de notre cher Jack, fait de Little Inagua son repaire. Plusieurs centaines de corsaires périront au large de la baie.

1648. Les puritains anglais des Bermudes prennent leurs jambes à leurs cous et débarquent dans l’archipel. Mais une partie de la flotte, en débarquant sur Little Inagua, s’échoue sur les rochers. Le naufrage fait plusieurs dizaines de victimes.

1714. Le nouveau roi d’Angleterre George Ier nomme le premier gouverneur royal des Bahamas, le capitaine Woodes Rogers. Un véritable chasseur de pirates. Il installe son quartier général sur les hauteurs de Little Inagua, d’où sont menés les « interrogatoires musclés » des serviteurs de Sa Majesté.

1776. La couronne d’Angleterre défend son bien face aux Américains en quête d’indépendance. Les pires affrontements ont lieu au large de Little Inagua, lors de la fameuse Bataille des boulets.

1861. La guerre de Sécession fait rage aux Etats-Unis. Little Inagua devient le refuge des forces du Sud et de leur arsenal de guerre.

1865. Le Nord l’emporte, provoquant l’afflux de réfugiés sudistes dans l’archipel. Ils trouvent asile sur Little Inagua.

1920. L’Amérique s’assèche le gosier et instaure la prohibition. Little Inagua, de par sa proximité avec la Floride, devient la plaque tournante du trafic de rhum.

1939-1960. Les GI américains de repos viennent se dorer la pîlule sur les plages de l’archipel. La première antenne de la CIA au Bahamas naît sur Little Inagua. Elle sera fermée 13 ans plus tard, à la proclamation de l’indépendance. Les activités de l’Agence restent néanmoins toujours d’actualité dans la région.

1973. Les Bahamas deviennent un Etat indépendant. Little Inagua est rattaché au Commonwealth of the Bahamas.

2007. Les élections du 2 mai 2007 évincent de peu la majorité parlementaire du PLP. Remportant 23 des 41 sièges au parlement, Hubert Ingraham, chef de file du FNM, emporte la majorité des sièges au parlement bahaméen et prend la tête de l’Etat. Des heurts entre militants du FNM et du PLP font 456 morts à Little Inagua. 

2008. Little Inagua intègre le Parc National des Bahamas pour « l’extraordinaire richesse de sa flore terrestre et aquatique ». L’Unesco l’inscrit au sein de son patrimoine mondial. L’île inhabitée sert en réalité de centre d’entraînement pour la B-Force, la police gouvernementale d’Hubert Ingraham.

2010. Lassé des exactions menées contre sa B-Force par les narco-trafiquants, Hubert Ingraham décide de séparer Little Inagua du Commonwealth of Bahamas. Un temps convoitée par l’Eglise de la Scientologie, l’Ile s’enlise peu à peu dans l’oubli. Elle tombe finalement entre les mains de E.P. Coleman, homme d’affaires européen, lors d’une partie de poker gagnée face à Hubert Ingraham à Reno, Nevada. Little Inagua n’est plus. L’Action Nation vient de naître.