Derrière le rocher

Au dos de la jaquette.
Le général de brigade Francis Hummel en a plein les rangers. Plein les rangers de voir la mémoire de ses commandos bafoués, plein les rangers d’aller fleurir la tombe de sa femme sous la flotte, et plein les rangers de porter une veste bardée de pin’s.
Le vétéran enfile donc son treillis troué et rappelle ses anciens combattants, histoire de balancer quelques boules puantes sur la population. Face au commando de fêlés, un vieux taulard et un rat de labo, partis à l’assaut du Rocher. 

Le Club appréciera.
Et de deux. Après le majestueux Piège de Cristal de la semaine passée, le Club et ses actionnaires majoritaires enchaîne sur un second succès de rang.
Le sous-estimé The Rock (à ne pas confondre avec le colosse en slip moulant) remporte les suffrages haut la main. Une victoire des plus méritées, un triomphe, une fois n’est pas coutume, célébrée en fanfare. Car avec Hans Zimmer à la baguette, chef d’orchestre entre autres de Gladiator ou du sémillant Mission Impossible 2, Rock n’est ni plus ni moins qu’un opéra de haute volée. Le André Rieu de l’Action a encore frappé. Jugez par vous-même : 

Appuyé sur une mise en scène classique chère aux actionmen – les flingues devant, les petites amies derrière – cette balade derrière les rochers s’adosse sur un acting puissant. Adepte de la schizophrénie, le petit Nicolas tire de la première à la dernière minute le meilleur de son personnage pourtant restrictif. Un fan de chimie qui baise la reine du bal et part à la chasse aux rockets, voilà qui en jette. Rajoutons à ça quelques poussées de colères finement mal gérées, un cul monstre dans la fusillade, et une fiancée qui porte des couettes. Le tour est joué. 

Goodspeed ne serait poutant rien sans Mason, sa coupe de pute et ses « connards » judicieux. Le professeur Jones, ravi d’être de la partie, est le véritable baromètre de l’excursion. Suivant à la lettre les bons conseils de Jean-Mimi sur la « gestion des temps forts/gestion des temps faibles», il s’occupe avec brio des plages de repos entre les lancers de grenades. Anecdotes sexuelles carcérales, souvenirs familiaux, conseils paternels, secrets d’Etat, le sale écossais a des tas de choses à raconter. Un grand-oncle increvable qui ferait bien d’aller voir sa fille plus souvent, et surtout de nous la présenter (Claire Forlani et son air adorable de chien battu avait déjà fait les beaux jours des amateurs de Rencontre avec gros black). 

Mais la visite du Rocher ne serait pas si belle sans la contribution de seconds couteaux d’envergure. Entre ce bon vieux Hummel taillé à la serbe, ce balai à chiottes de Womack ou ces psychopathes de Frye et Darrow, le choix n’est qu’embarras. A condition de ne pas oublier sur le Hollywood Boulevard le gaz VX, valeureux annihilateur de cholinéstérase. Un truc «franchement dégueulasse», dixit Nico, que sa configuration en collier de perles et sa luminescence vert fluo portent au rang d’œuvre d’art. Les plasticiens que nous sommes apprécieront. JB 

Verbatim. « – Restez à vos postes !
- Bordel de Dieu pour la dernière fois dites à vos hommes de se rendre et de déposer leurs armes à terre !
- Je ne donnerai pas cet ordre !
- C’est moi qui vous ai donné un ordre !
- Je ne donnerai pas cet ordre ! »
Conversation entre le Général Hummel et le commandant Anderson sous les douches, dont les points de vue divergent clairement.  

Sous les applaudissements. Une seringue d’atropine dans le cœur, le beau Nicolas vient de sauver la moitié de la baie de San Francisco. Mais encore faut-il que son exploit soit connu du grand public. Notre héros fait alors péter les fumigènes, met le nez dehors et s’agenouille, bras en croix, s’offrant aux fans d’astronomie à grosses lunettes. Un pur tableau biblique. 

Et parce c’est bientôt Noël, le Club offre un petit extra. Feliz Navidad.