Trompeuses apparences

Il y avait l’échauffement des athlètes avant la finale du 100m aux Jeux Olympiques, les encouragements du public parisien avant les records du monde de Thaï Chris, les directs de BFM TV devant le tribunal de New York pour le procès DSK. Il y aura désormais Rogue, l’affrontement final, nouvel entrant dans la série des « on attend vingt plombes pour au final se bouffer de la merde. Et de la belle merde, qui plus est. »

Rarement confrontation entre deux poids lourds de la catégorie reine – les actionmen – aura autant déçu. Statham contre Li, Jason vs Jet, n’en jetez plus, Rogue, malgré son titre Harry Potteresque, promettait d’envoyer dans les cordes. La finesse asiatique allait se confronter au courage briton, et l’idée-même de voir ces deux outsiders de toujours enchaîner les distributions de pain faisait goulument saliver.
Croyait-on, malheureusement. Car indigeste, Rogue est retombé comme un soufflé raté. A force de bouffer du clip à ne plus savoir où le stocker, Philip Atwell, le douloureux réalisateur, n’a pas su dire stop. Stop aux raccourcissements des plans à outrance, histoire de donner l’illusion qu’un bout de rythme s’est glissé inopinément entre les lignes du scénario.

Incapable de tenir une caméra correctement, Atwell a donc voulu rattraper le coup sur un scénario béton. Un flic perd son pote, veux le venger, et poursuit le tueur invisible grâce aux balles de revolvers qu’il laisse sur son passage. Car c’est bien connu, un tueur discret laisse toujours sa signature pour être retrouvé. Pour accompagner cette montagne de nullité, quelques petits clichés savoureux : un méchant chinois nommé Li, un méchant japonais en kimono, un méchant qui est en réalité un ancien de la CIA, et en réalité un gentil, et en réalité un gentil qui a changé de tête, mais également un gentil qui veut buter l’autre gentil qui en fait est un méchant. Rajoutons un petit tour moto, une poursuite en bagnole avec la caméra accrochée au pare-choc, et des flics munis de fusils à pompe qui n’utilisent le « Haut les mains ! » qu’après avoir vidé deux ou trois chargeurs. Ce mauvais Atwell se trompe même dans ses versions hot : la fille yakusa, loin des canons hentaï, dégoûterais presque d’un nuru massage appliqué.

Ne restait plus rien, sinon la confrontation finale espérée durant 75 minutes. En tout et pout tout quelques baffes distribuées dans la pénombre et sans envie. Pas de quoi se relever la nuit. Ni en faire un film.

Le trait qui tue « Ca ne vous dérange pas si je ….. » Le docteur Sherman, chirurgien esthétique, à Jason et Jet, avant de s’écarter vers la salle de bain pour au final…ne rien faire.

Sous les applaudissements. Jason est très, très, très énervé, et en bon Ricain, décide de calmer ses nerfs en faisant parler la poudre. Il s’installe fissa au stand de tir, chope son Gun d’une main et vide d’une traite son chargeur sur la pauvre cible qui passait par là. Pas franchement satisfait, Jason décide de se payer une deuxième tournée « Une autre, bordel ! Donnez m’en d’autres !». La finesse selon Jason, c’est bien simple : quand y’en a plus, y’en a encore.