Coupé trop court

« Mouaif…..Ennuyeux…. ». A voir la triste mine du président Coleman au rallumage des lumières, on comprend vite que la bombe Machete, attendue par l’assemblée des Actionmen, a au final fait davantage pschitt que boum. Bravant le froid et la malbouffe, le Club avait en effet quitté hier soir ses nouveaux quartiers d’hiver de la rue Condorcet pour venir affronter, le Rex en toile de fond, le plus terrible des mexicains. Mais à trop en attendre, on finit par en avoir…trop. L’affiche de Machete, pourtant, paraissait alléchante.

Visuellement, tout d’abord, avec l’alliage puissant du chevelu mécontent, de la boule de feu, de la chiquita ruisselante et du gros flingue à canon limé. Une symétrie parfaite pour faire des têtes au carré.

Sportivement, ensuite, avec le combat simple mais déloyal de Machete contre le reste du monde. Déloyal pour les autres, bien sûr, car Machete est indestructible. Une particularité sur laquelle aurait dû davantage se renseigner son tout premier équipier, qui aura suivi son chef jusqu’en enfer le temps d’une rapide bouchée de taco.

Le baron Torrez (Steven Seagal, qui rejoue ici en pyjama un remake de Super Size Me), a beau découpé sa femme au sabre, Booth a beau vouloir le faire abattre, brûler ou exploser une bonne douzaine de fois, Machete ne meurt pas. Pire, il passe son temps à honorer rustiquement et sans un mot, s’il-vous-plaît, les douceurs caramélisées placées sur sa route, Luz, Sartana ou April. Ou s’adonne, entre deux boucheries, à la coutellerie. Machette, tondeuse, ciseau, tire-bouchon, maxi-machette, tout ce qui brille y passe pour assouvir un hobby un poil plus musclé que le jardinage.

Mais dans ce western-spaghetti made in Texas, entre deux rodéos sur quatre roues et trois retournements de situation, Machete a perdu l’essentiel. Son public. La faute à un réalisateur fétichiste du cliché, un Rodriguez englué dans la volonté de vouloir enfiler à tout prix le costume de la série Z grand public. Un costume trop grand, et vraiment trop débile.

Une heure vingt était le temps idéal du film d’action. Un délai court, intense, porté vers l’essentiel. Une maxime que le Fédérale a laissé de l’autre côté de la frontière, installant le spectateur vingt-cinq minutes de trop derrière la caméra. Vingt-cinq minutes qui transforment la crucifixion du Padre, pourtant attachant, en véritable chemin de croix, qui font des allées et retour du héros dans la villa du gringo un Cluedo à rallonge, qui donne aux interventions vidéos du Seigneur Seagal des airs de mauvaise réclame pour l’Internet illimité.

Le sénateur McLaughlin, Stetson sur le crâne et Colt à la ceinture, tente évidemment comme il peut d’alléger ces litres d’hémoglobines et ces surcouches de scénario, mais le mal est fait. Le spectateur finit l’aventure dans la douleur, aux côtés du gringo : difficile en effte de se lever de son siège quand on a le dos bourré de barbelés.  JB