Actes manqués

« 30 tueurs d’élite. 10 millions de dollars . 1 seul vainqueur ». A synopsis simplissime, histoire simplissime. En bon Direct-to-video (DTV), The Tournament ne s’est embarrassé d’aucun artifice pour proposer son condensé de gun-fight. Mais l’enchaînement est trop évident, trop linéaire et surtout bien trop répétitif pour ne pas susciter quelques regrets.

 L’entame, pourtant, paraissait alléchante. Une tripotés de tueurs professionnels jouant à chat dans une petite cité britannique postindustrielle, le tout scruté par une tablée de riches à putes et à cigares lassés par le Texas Holdem, voilà qui promettait un moment divertissant. Avec en prime des candidats consentants, The Tournament s’annonçait comme un Battle Royale tourné à l’envers, les Jeux Olympiques de la gâchette et du kick. Le retour de bon Marcellus Wallace fait presque chaud au cœur. La mise en lumière de Middlesbrough autrement qu’en club de foot miteux aiguise partiellement la curiosité. Et l’entrée en scène de Miles Slade, exécutant gratos un mignon petit chien errant pour faire passer son petit-déjeuner, met l’eau à la bouche. Scott Man avait donc les bons numéros, mais n’a au final pas réussi à les mettre en scène dans le bon ordre. Et pose question.

 Pourquoi donc avoir mené Robert Carlyle au supplice en lui revêtant le col romain et la bouteille de scotch qui ne va pas avec ?  Robert était censé se perdre, il a plus que rempli sa mission. Un calvaire.

Pourquoi payer le cachet de trente artistes pour n’en faire défiler que cinq sur le podium ? Les prétendants au titre de «tueur du septennat» tombent comme des mouches, mais tombent surtout dans l’anonymat. Dommage.

 Pourquoi tenter de construire un passé au « légendaire » Joshua Harlow ou à sa piquante rivale Laï Laï ? Ils défoncent quiconque se trouvent dans un rayon de 50 mètres, étranglent et égorgent comme ils respirent, mais cachent derrière leur lunettes à longue portée un cœur et des remords, le tout traité en trois plans flous ? Il n’y a pas de place pour les sentiments entre deux rafales.

 Pourquoi remettre  sur le banc avant la fin de la première mi-temps le prometteur Yuri Petrov, sous prétexte qu’il pratique un jeu dur ? Sa violence toute caucasienne, camouflée derrière un joli look à la Street Fighter, aurait amené une salvatrice poche de sang frais.

 Pourquoi avoir choisi Sébastien Foucan comme représentant hexagonal ? Le parcours urbain des Yamakasis est-il le seul moyen d’expression de la violence à la française ? Certes, le gymnaste du bitume ne se bat pas à l’aide d’une baguette et d’un béret, Dieu merci, mais un tantinet plus de charisme et de paroles n’aurait pas fait de mal à l’épaisseur du personnage.

Pourquoi, enfin, choisir un terrain de jeu citadin sans en faire profiter les milliers de figurants présents ? L’interaction entre les trente salopards et les Middlesbroughiens (Middlesbroughois ? Middlesbroughais ?) aurait pu apporter son lot de scènes de paniques collectives ou de boucherie en réunion. L’idée, exploitée à fond dans la boîte de strip-tease, n’est que trop peu suivie par la suite.

 Des questions qui n’empêcheront personne de dormir. Car s’il n’apporte pas grand-chose, The Tournament a le mérite d’exiger peu, laissant les neurones du spectateur au congélateur. C’est déjà ça.  JB

 Sous les applaudissements  Plusieurs concurrents du tournoi amical se retrouvent par inadvertance dans le même club de strip-tease du centre-ville. Miles Slade fait le ménage avant de tenir en joue « Marcellus » Harlow. Sourire aux lèvres, le cow-boy s’offre, avec son coupe-cigare, une phalange du grand revenant. Avant de cautériser la plaie avec son Havane fumant. Une opération sanitairement douteuse.