La chasse est ouverte

Il est des trésors que seuls le hasard ou la chance permettent de révéler. Newton avait bouffé de la pomme pour inventer la gravité, le Club, lui ,a du fouiller les méandres de la VOD pour dénicher en dernière minute un bijou glissé bien au fonds du panier. « Chasse à l’homme », alias « Hard target », alias « La Cible » a bien mérité les efforts consentis : une subtile dénonciation du désenchantement américain, une parfaite carte postale d’une Nouvelle-Orléans désabusée, et ce avant le passage de Katrina. Visionnaire.  

Le scénar’, une fois n’est pas coutume, tient la route : des riches à chemises fluo se tapent des tirs aux pigeons sur les anciens combattants qui pointent à Pôle emploi. L’histoire ne dit cependant pas si le participant et ses 500 000 dollars de droit d’entrée peut remporter les meilleurs morceau du gibier à la maison. Voilà pour le décor, auquel John Woo rajoute son habituel pigeonnier. Le reste en revient à JC, coupable, une nouvelle fois, d’un trop-plein de perfection.

Comment, en effet, ne pas craquer pour le dégueulis de nouilles sautés qui lui sert de coiffure, la fine boucle glissée dans son lob d’oreille, le combo Caterpillar + jean serré au nombril + pompe-sueur moulant + manteau de pervers trop grand que JC arbore ? Demandez-donc à Natasha, avec ses yeux ébahis et sa barre de poils, qui n’aura pu sécher durant 1h30 ses larmes devant tant de grandeur. Un look impayable que ce bon Nicolas aura repris sans vergogne dans les Ailes de l’enfer, et qui fait du Rebelle un pâle faussaire.

On l’a bien compris, Jc est fétichiste des pieds. Un pêché mignon qui vire à l’obsession et qui fait une nouvelle fois siffler ses ischio-jambiers. Mais JC en Louisiane, c’est aussi et surtout des balades en moto (voir Sous les applaudissements), des randos à cheval et des cours de survie dans le bayou à coups d’uppercuts sur les reptiles. Et trois derniers quarts d’heure à réveiller les morts. Mention spéciale à Woo pour ses face-à-face / flingue-à-flingue toujours de bon goût, et pour le choix de méchants taillés pour le rôle. Entre un Fouchon masturbateur devant le piano-à-queue et un Van Cleaf qui répète délicieusement le nom de ses condamnés avant de les défoncer au fusil à pompe, le cœur balance.

Mais le trophée de la chasse revient au final à la géniale trouvaille de Woo d’avoir lancé dans le grand bain ce bon gros Doovee, mix improbable entre le Père Noël, Robin des bois et Joe l’Indien, la gnôle en plus. Le meilleur ambassadeur des détenteurs de la carte vermeille qu’ait jamais  vu le Club, et de loin.

Sous les applaudissements. Jean-Claude a enlevé depuis bien longtemps les petites roulettes de sa bécane. Face au 4×4 lancé à pleine vitesse contre lui, il comprend avec malice que le réservoir percé de sa Kawazaki va pouvoir être utile. Cheveux (gras) au vent, JC s’envole sur son deux-roues, se hisse sur la selle, voltige au dessus du toit, roule-boule sur l’arrière et dézingue le tout. A ne pas tenter chez soi.

Verbatim. « La prochaine fois que je passe, je me coupe un steack » Van Cleaf, qui a  apparemment sauté le déjeuner.