Gym Tony

Fort de son succès mondial (et mérité) pour ses prouesses dans Ong Bak, Tony Jaa a décidé de pousser le coup de pied encore plus loin Il était l’homme qui passe par la lunette des toilettes dans se faire mal. Il devient, avec son deuxième opus, l’homme qui passe par la lunette des toilettes sans se faire mal ET qui sait jouer de l’objectif. Car pour ceux qui l’ignorent encore, le réalisateur de la Naissance du Dragon (merci pour le titre original) n’est autre que…Tony Jaa lui-même.

Autoproclamé ministre du tourisme de Thaïlande, l’homme « coup de coude » nous amène chez lui 500 ans en arrière, à l’époque où les jeunes garçons ressemblaient drôlement aux jeunes filles, où les notables portaient des cendriers aux oreilles, et où les éléphants avaient encore voix et trompe au chapitre. L’histoire est vue, revue, mal vue et déjà vue : un jeune garçon (qui ressemble drôlement à une fille) apprend l’abécédaire des arts martiaux pour venger la mort de son père. Et son mentor est en réalité son pire ennemi (bon, ça, on l’avait pas vu). Mais en réalité il est gentil (Et ça encore moins).

Au programme, donc, un riche tutoriel made in Tony sur l’art et la manière d’’utiliser tous les os, muscles, tendons et nerfs du corps pour faire mal aux copains. On connaissait Tony sans pied et sans main, obsessionnel du coude et du cassage de cage thoracique. On le découvre arracheur de bouche, manieur de couteaux, lance, ninja-ku et autres produits Victor Inox. Et quand bien même les lames ont une fâcheuse tendance à endormir, la polyvalence du CV en impose.

Reste qu’à force de vouloir endosser tous les costumes, Tony se râpent les coudes, comme le souligne à juste titre le P. dans une moue dubitative. Les arrêts buffets estomaquant de la première fournée laissent place à des chorégraphies à 1 contre mille, à coups de tapes dans le dos et de gentilles fessées. L’originalité des bad guys (un homme portant une ruche en osier sur sa tête, un autre qui a confondu son dentifrice avec les joints d’étanchéité) n’y fait pas grand-chose.

Les minutes filent dans le décorum de Tomb Raider Underworld mais le fil est rompu depuis longtemps. Tony Ja derrière la caméra, ça n’est décidemment pas ça. Injuste sentence ? Oui ! Car un petit détour par la toile nous apprend rapidement que l’œuvre de Monsieur Coude est en réalité bien plus longue. Au total, une trentaine de minutes qui permettent, à défaut de remporter la palme du scénario, de raccrocher un peu moins brusquement les wagons. Et qui donc a eu la bonne idée de couper la bobine dans le vif, histoire de coller aux canons européens ? Ces gros bouchers d’Europacorp, pardi ! Non content de coller des Audi à tous les coins de rue, voilà que ces cochons sabordent un radeau déjà en proie aux voies d’’eau. Une belle entreprise de démolition. JB

Sous les applaudissements. Puisque le final aurait été sur le même ton que l’ensemble – décevant – le Club offre, dans sa grande clémence, une séance de rattrapage à ceux qui continuent de reproduire les cabrioles du 1er opus quand ils se savent seuls dans leur salle de bain. Cà n’est pas du live, mais c’est gratuit. A table.

Et pour les très curieux :